Être auteur ou devenir écrivain ?

Photo d’entête : Romancière réfléchissant à l’histoire qu’elle va écrire Novelist thinking of the story she’s going to write © berc – Fotolia.com

Auteur ou écrivain ?

J’entame ma série d’articles sur l’écriture (il y en aura beaucoup), par un petit sujet de réflexion. Avec cette question : Être auteur ou devenir écrivain ? Certes, c’est un peu près la même chose. Dans les deux cas, il s’agit d’écrire. Sauf que derrière ces mots, s’opposent deux approches de l’écriture.

On n’apprend pas à écrire !

Au milieu des années 90 lorsqu’en France, l’on parlait d’ateliers d’écriture à des auteurs de science-fiction, on s’entendait souvent répondre la même chose : « on n’apprend pas à écrire ! » Certes, il n’existe a pas de recettes magiques qui rendraient tout d’un coup notre prose intéressante. On n’apprend peut-être pas à écrire, mais sur le territoire américain, aussi bien aux États-unis qu’au Canada (Québec compris), les ateliers d’écriture étaient légions – qu’ils s’adressent à des étudiants ou des auteurs professionnels. On n’apprend pas à écrire, mais il est parfois intéressant de mettre les mots sur des choses qu’on a découvert seul. De la même façon, il est parfois utile de découvrir des aspects de l’écriture dont on n’avait pas conscience. Confronter son expérience à celles d’autrui est souvent enrichissant.

Si vous êtes curieux sur cette idée que l’Art ne s’apprend pas, allez jeter un œil sur l’introduction de Claude Eken à sa série d’articles sur ses conseils d’écriture pour Actu SF. L’auteur s’est prêté maintes fois au jeu de l’animation d’ateliers d’écriture.

Différences culturelles.

Bref, la mentalité en France diffère de celle des États-Unis. Et sur le thème de l’écriture, on pourrait caricaturer cette différence culturelle de la façon suivante : en France, on naît auteur, aux États-Unis, on devient écrivain. Auteur est un état, écrivain un métier. On imagine que l’écrivain accepterait sans sourciller d’écrire contre rétribution la novellisation de Walker Texas Ranger en se promettant de trouver du temps pour poursuivre la grande œuvre qu’il a entamée, il y a des années déjà ; alors que, de son côté, l’auteur, qui ne fait pas de compromis, finirait par trouver un boulot alimentaire, qui lui prendrait trop de temps pour lui permettre de terminer son chef-d’œuvre. La vie est cruelle.

Pourquoi écrire ?

Si vous êtes tentez par l’écriture, si vous avez envie de raconter des histoires, il vous faudra mettre dans vos écrits une part de vous-même. Réfléchir à pourquoi vous voulez écrire pourrait vous y aider. À condition, bien sûr, que cela ne vous inhibe pas. Si c’est le cas, oublier la réflexion, foncer, lancez vous !

L’introspection est utile à toute démarche artistique. Puisque c’est un peu de soi qu’on livre en pâture, progresser dans l’écriture revient à progresser tout court. Même en atelier, écrire reste un acte individuel, une lutte avec soi-même. Car derrière cette question – pourquoi écrire ? – s’en cache souvent une autre : pour qui écrire ? Qu’on le veuille ou non, on écrit pour être lu et c’est là que réside toute la difficulté. Le but est d’écrire des textes qui donnent envie d’être lu.

Alors, être auteur ou devenir écrivain ? Au final, de toute façon, il y a fort à parier, qu’à la fin de sa vie, l’auteur comprendra que sa trajectoire a été celle d’un écrivain, et vice-versa.

 

Poète à louer
Poète à louer, Poet for Hire © Matthew LeJune on Unsplash